Oublier ou méconnaître que l’être humain a besoin de structurer son temps par exemple lors de nos chères réunions professionnelles peut avoir de fâcheuses conséquences… Interactions irritantes, conflits de frontières internes, jeux d’influences, etc…..

La découverte ou la relecture des travaux d’Eric Berne sur ce sujet est édifiante…

Parallèlement à la soif de stimuli et au besoin de reconnaissance (les strokes), il a mis en évidence notre besoin de structurer le temps.

Pour répondre à ce besoin, il existe six manières de le structurer lorsque l’on est en compagnie d’autrui, que l’on peut catégoriser en termes de risque et d’intensité dans les échanges de signes reconnaissance.

LE RETRAIT

A l’une des extrémités de cette classification, se trouve le retrait, qui correspond à un minimum de risque dans la relation car il n’y a pas de communication avec autrui : bien qu’en présence d’autrui, l’individu reste dans ses propres pensées, dans son monde intérieur, il n’y a pas échange.

Un exemple est celui des transports en commun où chacun reste dans sa bulle. Dans le retrait, le risque de recevoir des signes de reconnaissance négatifs est minimum, mais il n’y a pas non plus réception de signes de reconnaissance positifs.

LES RITUELS

Autre manière de structurer le temps : les rituels, forme la moins risquée d’interaction sociale. Les rituels désignent les échanges ritualisés, prévisibles, où chaque locuteur sait ce qu’il a à dire et comment il doit se comporter, et sait aussi à quoi s’attendre de la part d’autrui.

Un exemple de rituel est celui de la salutation ; en fonction de chaque culture, il va prendre une forme différente et sa durée variera, mais dans tous les cas, pour une culture donnée, il sera entièrement prévisible pour celui qui a été éduqué à connaître et à reproduire ce rituel.

LES PASSE-TEMPS

Les passe-temps sont une autre forme de structuration du temps, que l’on peut qualifier de « semi-rituelle », car si sa forme est ritualisée, son contenu ne l’est pas.

Le passe-temps est une série d’échanges verbaux qui ne mène pas à l’action. Sa justification est, comme son nom l’indique, de passer le temps, ou bien de rentrer en communication avec l’autre dans un cadre confortable, puisque semi-ritualisé, où les risques sont limités, mais où l’on sonde l’autre afin de passer à un échange de signes de reconnaissance plus intense.

Un exemple courant de passe-temps est la discussion au sujet de la météo.

L’ACTIVITE

Lorsque l’on passe à l’action, on entre alors dans le registre des activités. Dans l’activité, il y a un but à atteindre, les échanges et l’énergie sont orientés vers ce but.

L’exemple le plus typique des activités est le travail, mais on peut aussi citer les loisirs, les hobbies, etc.

Lors des activités, l’intensité des échanges de signes de reconnaissance et la prédictibilité des échanges verbaux peuvent être très variables.

LES JEUX PSYCHOLOGIQUES

  • Les « jeux psychologiques» sont une manière de structurer le temps dont la programmation, par rapport aux passe-temps est plus individuelle que sociale.

 A défaut de signes de reconnaissance positifs, les jeux psychologiques permettent entre autres de recevoir des signes de reconnaissance négatifs.

L’INTIMITE

L’une des raisons d’être des passe-temps ou des jeux est d’éviter l’intimité, sixième et dernier mode de structuration du temps. En effet, lors de l’intimité, la prise de risque est maximum puisque cette manière de structurer le temps est beaucoup moins régie par les considérations sociales et restrictions de tous ordres.

Les sentiments et désirs authentiques sont exprimés sans censure. L’intimité est « une relation sincère, exempte de jeux, exempte de toute exploitation, où chacun donne et reçoit sans arrière-pensée ».

C’est la forme de relation la plus riche.